Projet TERE, pour Transition Energétique Rapide en Europe

Initiative Citoyenne pour une Transition Energétique Rapide en Europe

Collectif « Europe » de l’Isère

Contact : Richard Pétris, coordonnateur richard.petris@ecoledelapaix.org 06 83 37 50 24

http://confrontations.org/thematiques/europe-durable/

16 Janvier 2017

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Préambule

Il est généralement reconnu que le Monde doit réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) sous peine d’un dérèglement climatique très inquiétant pour le devenir de l’humanité. Mais il faut avoir conscience que la transition énergétique associée représente une transformation radicale et complexe des modes de production et d’exploitation des sources d’énergies. Elle est aujourd’hui difficile à appréhender concrètement au niveau de l’ensemble de la planète, tant au plan politique que technique et organisationnel.

En revanche, nous pensons et osons affirmer que l’Europe, si elle le veut politiquement, peut mettre en place un projet « TERE » (Transition Energétique Rapide pour l’Europe). Elle constitue en effet une entité assez homogène, déjà bien organisée au plan économique et de la coopération dans une démarche d’intégration avancée. C’est donc à cette échelle que l’on pourrait faire la démonstration qu’une transition énergétique majeure est possible techniquement et à un coût économiquement réaliste. L’Europe, actuellement forte importatrice dans le secteur de l’énergie, y a par ailleurs un intérêt particulier, car ce projet va nettement dans le sens d’une autonomie énergétique renforcée pour l’Europe et d’une compétitivité accrue au plan mondial.

Cependant, il est loisible de se poser la question : l’Europe a-t-elle la légitimité et la volonté opérationnelle pour le faire ?

Le Traité sur le fonctionnement de l’UE, dans son article 194 sur l’énergie, ne considère que le marché de l’énergie et son approvisionnement, l’efficacité énergétique et la promotion des interconnexions. Si cette dernière mesure va bien dans le sens d’une dynamique partenariale entre Etats Membres, il reste que la réponse à la question semble négative. L’UE ne serait-elle donc pas en train de renoncer à entreprendre sa transition énergétique ?

Comme l’a montré tout récemment Confrontations-Europe2, une authentique Union de l’Energie reste à formaliser. Alors que l’UE devrait se fixer un objectif et un seul, la réduction des GES car c’est là l’urgence, ce texte pointe la dispersion entre plusieurs objectifs, et le repli nationaliste. En effet, l’Union Européenne s’est dotée en 2009 d’une ambition commune en 3 objectifs – toujours présents dans ses réactualisations successives, i.e. le « paquet énergie » de 2004 et suivants – au lieu de se concentrer sur un seul, la réduction de l’émission des GES. Les 2 autres objectifs – efficacité énergétique et développement des ENR – peuvent rationnellement relever, selon le principe de subsidiarité, de niveaux inférieurs. La proposition de la Commission en direction du Conseil et du Parlement Européen devrait donc être revue, d’autant que l’UE s’est déclarée, à la COP22 de Marrakech, vouloir être leader mondial de la Transition Energétique.

Nous affirmons donc la nécessité d’un véritable pilotage par l’UE, seul niveau pertinent pour mettre en œuvre une transition énergétique permettant de limiter à temps le réchauffement de notre planète. L’UE doit prendre la décision au plus tôt de former et de coordonner le travail d’un groupe ad hoc, constitué de scientifiques et universitaires, politiques et industriels, sans domination des « grands énergéticiens». Ce groupe aurait pour mission de créer et superviser une « task force » opérationnelle chargée de faire aboutir le projet TERE en moins de 30 ans, avec comme référence les nombreux grands projets de R&D que l’Europe a su mener avec succès.

Mais ce défi scientifique et technique comporte aussi une dimension sociétale nécessaire et urgente dans la mesure où il concerne l’avenir d’un ensemble de plus de 500 millions d’habitants, voire de l’humanité toute entière. Répondre à un tel défi, tout comme la construction européenne elle-même, doit parler à ces citoyens ainsi qu’à leurs représentants.

C’est le but de ce texte de les convaincre, les uns et les autres, de soutenir ensemble une telle initiative.

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Ce qu’est le projet TERE

Il consiste à proposer que l’Europe s’engage dès à présent et unilatéralement dans sa Transition Energétique – respectant la contrainte climatique – avec pour but de la terminer en moins de 30 ans.

Le projet part de l’hypothèse de base d’une consommation globale en Europe, qui reste constante sur les prochaines décennies, soit en moyenne 3,33 tep par habitant en moyenne.

  1. Ce n’est pas le cas pour le monde entier [1]

En 2016, les 3,33 tep/habitant se répartissent comme suit: 2,43 tep/hab. avec émissions de GES + 0.9 tep/hab. sans émission de GES.

La transition énergétique, majeure, consiste à passer en 30 ans à : 0,60 tep/hab. avec émissions de GES + 2,73 tep/hab. sans émission de GES.

Pour 2047 donc, les 2,73 tep/hab. proviennent des sources d’énergies alors disponibles – pratiquement inchangées par rapport à celles connues aujourd’hui – mais développées de façon coordonnée à grande échelle, en fonction de leur complémentarités et de leurs potentiels de développement
Une proposition de ventilation par type de source que nous proposons pour le mix énergétique 2047 est argumentée dans l’annexe technique (cf. infra), où les hypothèses sont dûment explicitées. Il en résulte le Tableau 1.

Tableau 1. Type de ventilation possible pour le mix énergétique dans 30 ans Sources Production (tep/hab.)
Energies avec émissions de GES 0,6
Biomasse et Incinération des déchets 0,66
Electricité renouvelable intermittente (éolien et solaire) 0,621
Electricité renouvelable modulable (hydraulique, hydroliennes, géothermie) 0,414
Electricité modulable d’origine fossile avec CSC* ou/et nucléaire 1,035
Energie totale par habitant en 2047 3,33